
Zakûtu (c. 701-c.668 av. J.-C.) était le nom akkadien de Naqi'a, une épouse du roi Sennachérib d'Assyrie qui régna entre 705 et 681 av. J.-C.. Bien qu'elle n'ait pas été la reine de Sennachérib, elle lui donna un fils, Assarhaddon, qui lui succéda. Elle régna en tant que reine après la mort de son fils et fut la grand-mère de son successeur, le roi Assurbanipal. Les écrits sur Naqi'a-Zakûtu datent principalement du règne d'Assarhaddon et témoignent de la force et de l'intelligence d'une femme qui passa de l'obscurité à la grandeur.
On sait que Naqi'a-Zakûtu fut associée à Sennachérib dès 713 avant notre ère alors qu'il était prince héritier sous Sargon II. Sennachérib aurait eu au moins onze fils (peut-être plus) avec ses épouses et, parmi eux, Assarhaddon, le plus jeune. Comme Zakûtu était considérée comme une simple "femme de palais", et non comme une femme noble, les frères aînés semblent avoir fait peu de cas d'elle et de son fils. Le fils préféré de Sennacherib et héritier désigné, Ashur-nadin-shumi, fut nommé souverain de Babylone, d'où il fut enlevé par les Élamites (les ennemis de l'Assyrie) vers 695 avant notre ère. Il fut très probablement tué par ses ravisseurs vers 694 av. J.-C. et Sennachérib dut choisir un fils pour le remplacer en tant qu'héritier. Sennachérib était très pris par des campagnes militaires puis par des projets de construction et semble avoir pris son temps pour prendre sa décision concernant son successeur. Il est possible qu'il évaluait ses fils pour voir lequel était le plus apte à régner après lui.
Les frères aînés d'Assarhaddon durent être désagréablement surpris lorsqu'en 683 avant notre ère, Sennachérib choisit son plus jeune fils pour lui succéder. Certains experts soutiennent que les manœuvres de Zakûtu furent à l'origine de cette décision, mais cela a été contesté. Les frères s'offusquèrent de ce choix et, craignant pour sa vie, Zakûtu envoya Assarhaddon se cacher quelque part dans l'ancienne région du Mitanni. Deux des fils de Sennachérib assassinèrent le roi en 681 av. J.-C., probablement à cause du sacrilège qu'il avait commis en détruisant la ville de Babylone et en emportant la statue du grand dieu Marduk (alias Mardouk), mais peut-être aussi simplement pour s'emparer du trône. Assarhaddon fut ensuite rappelé d'exil, probablement par Zakûtu, vainquit ses frères lors d'une guerre civile de six semaines et s'empara du trône. Il fit ensuite exécuter les familles et les associés de ses frères. Assarhaddon régna de 681 à 669 av.t J.-C., date à laquelle il mourut lors d'une campagne en Égypte. Le trône passa alors à son fils, Assurbanipal (685-627 av. J.-C., r. 668-627 av. J.-C.), le dernier roi de l'empire néo-assyrien qui, entre autres réalisations, établit la célèbre bibliothèque de Ninive.
Zakûtu occupait une place remarquable à la cour pendant le règne d'Assarhaddon, portant le titre de "reine", rédigeant des lettres et recevant des dignitaires, bien qu'elle n'ait pas été assyrienne (la "Naqi'a" étant d'origine araméenne ou hébraïque) et qu'elle n'ait jamais été reine de Sennachérib (bien qu'après la nomination d'Assarhaddon comme successeur, elle ait été connue comme "mère du prince héritier"). Les lettres portant sur des sujets importants lui étaient adressées sous la forme "A la mère du roi, mon seigneur" et commençaient par les salutations suivantes : "Salutations à la mère du roi, mon seigneur. Que les dieux Ashur, Shamash et Marduk gardent le roi mon seigneur en bonne santé. Puissent-ils décréter le bien-être pour la mère du roi mon seigneur" avant de rentrer dans les détails de l'affaire en question. L'historien Wolfram von Soden décrit l'importance continue de Zakûtu à la cour : "L'épouse de Sennachérib, Naqi'a-Zakûtu, née en Syrie, possédait encore une influence considérable pendant les premières années du règne de son petit-fils, Assurbanipal, et était crainte par les fonctionnaires royaux" (67).
Soit juste avant, soit juste après la mort d'Assarhaddon en 669 av. J.-C., Zakûtu publia le Traité de loyauté de Naqi'a-Zakûtu en 670 ou 668 av. J.-C. pour assurer la succession d'Assurbanipal, ordonnant à la cour et au pays de reconnaître son petit-fils comme leur souverain légitime. Le traité stipule, en partie, que
Quiconque se trouve dans ce traité que la reine Zakûtu a conclu avec toute la nation au sujet de son petit-fils préféré Assurbanipal ne doit pas se révolter contre ton seigneur Assurbanipal, roi d'Assyrie, ou dans vos cœurs concevoir et mettre en mots un vilain projet ou un mauvais complot contre ton seigneur Assurbanipal, ou comploter avec un autre pour le meurtre de ton seigneur Assurbanipal, roi d'Assyrie. Que Ashur, Sin, Shamash et Ishtar témoignent et maudissent les violateurs de ce traité.
Le traité identifie clairement Zakûtu comme reine à cette époque et le fait qu'elle ait pu émettre un tel décret indique qu'elle jouissait d'un pouvoir et d'un soutien suffisants pour pouvoir assurer la succession de son petit-fils en tant que roi. Grâce à un contrat d'achat de terres, on sait qu'elle avait une sœur, Abirami, mais peu d'autres détails personnels sur la vie de Zakûtu ont été révélés. Même ses dates de naissance et de décès sont inconnues ; pourtant, son influence sur les règnes de ces deux grands rois mésopotamiens fut significative. Les découvertes archéologiques futures dans la région permettront peut-être de déterminer comment elle put accéder à la position de pouvoir qu'elle occupait à la cour, mais pour l'instant, il est clair qu'elle joua un rôle dans l'ascension de deux des plus importants rois de l'empire néo-assyrien.